Samedi 14 novembre 1936


Composition française

     Bien équipé de tout son attirail de pêche il se dirige vers le canal, s'installe sur la berge, lance sa ligne et attend... Bonne pêche.

La pêche à la ligne

     Par une belle matinée de printemps monsieur Joseph part pour la pêche. Quelques nuages recouvrent le ciel; une brise molle vient chatouiller le visage de notre pêcheur passionné. Son grand manteau sur le dos, chaussé de grandes bottes en cuir, coiffé d'un chapeau veuf de sa bordure, monsieur Joseph n'a peur ni du vent ni de la pluie. Il marche allègrement, une gaule en bambou à la main et sur le dos un panier en osier en bandoulière. Il pense à la bonne friture qu'il aura ce soir.
     Arrivé au bord du canal il s'assied sur la berge à l'endroit choisi, enlève de son panier une boite contenant des vers, des lignes et des hameçons. Il attache un hameçon au fil, puis il amorce. Les autres crins et les autres hameçons sont en réserve. Il lance les soies qui sifflent au-dessus de sa tête, puis guette le bouchon. Le bouchon oscille et forme des anneaux à la surface de l'eau claire; mais notre pêcheur ne s'inquiète guère. Enfin, le bouchon plonge et d'une secousse il ferre; il le laisse bien filer pour le fatiguer. Alors, à la force du poignet, il lance une magnifique truite étincelante sur la berge. La truite semble nager dans l'herbe couverte encore de rosée. Notre pêcheur la détache du bout du fil et la précipite dans son panier. « Bon commencement » murmure-t-il. Puis il amorce de nouveau et relance sa ligne.
     Au bout de deux heures ayant pris une dizaine de truites, il retourne à la maison en disant : « Quelle bonne friture, nous allons faire ce soir ! »
 

  Voir le texte original à la plume Sergent-major

  Sa solution à un problème arithmétique     

  Une solution classique au même problème.
Afin de comparer les méthodes


     Cette rédaction a été réalisée par mon frère Joseph à l'âge de 11 ans, dans les conditions de l'examen du certificat d'études qu'il obtint à la fin de l'année avec la mention très bien, premier prix du canton de Châteauneuf du Faou.
     Mes frères furent élevés par leur grand-mère maternelle pendant trois ans. Joseph entre ses 5 et 8 ans, François, mon parrain, avait 3 ans de plus que Joseph et donc 21 ans de plus que moi. On parlait surtout breton à la maison. Mes parents avaient tenté de faire fortune aux USA. Mais ils rentrèrent car ils avaient le mal du pays et surtout, ils souffraient d'être éloignés de leurs enfants. On peut donc dire que nous sommes des enfants d'émigrés et que nous ne sommes pas entrés à l'école dans des conditions idéales d'enfants d'héritiers.
     Mais l'instituteur ne lisait pas attentivement les circulaires administratives. Ses élèves arrivèrent à Châteauneuf du Faou afin de passer le concours des bourses, le lendemain des épreuves.... Et mon frère Joseph et ses camarades peu fortunés entrèrent dans la vie active à 14 ans, aux carrières du Rick à Saint-Goazec ainsi qu'en témoigne le document suivant.



     A l'état civil mon frère se prénommait Yves Marie. Mais, dans la famille, on l'appelait Joseph.